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Constantin V dit traditionnellement " Copronyme " ( ) ou " Caballinos " (en grec : ), né en juillet 718 à Constantinople, mort le 14 septembre 775, est empereur byzantin de 741 à 775. Il est le fils de Léon III l'Isaurien et de son épouse Marie, et est proclamé coempereur par son père dès août 720. Constantin V est l'une des figures les plus noircies par les chroniqueurs et historiens postérieurs : principal promoteur de l'iconoclasme, et un temps persécuteur de moines, il a systématiquement été décrit comme un odieux tyran par l'historiographie byzantine postérieure, d'origine essentiellement cléricale (et monastique), et de parti-pris iconodoule. Quant à la littérature contemporaine des iconoclastes, rien n'en a été conservé. Il faut donc d'abord dire qu'il reste une figure mal connue, et qu'une évaluation objective de sa personnalité et de son action ne peut se faire que par une lecture très critique des sources, lui restituant sa stature, qui est très importante dans l'histoire de l'Empire byzantin. Constantin a reçu son surnom principal de " Copronyme " (litt. " au nom de merde ") à partir d'une anecdote ridicule colportée par des chroniqueurs malveillants : au cours de son baptême par le patriarche Germain Ier, il aurait déféqué dans les fonts baptismaux, répandant une odeur infecte, et le patriarche aurait alors eu ce mot " prophétique " : " Cet enfant remplira l'Église de sa puanteur ". Son autre surnom usuel de " Caballinos ", guère plus aimable (" le chevalin "), renvoie à son prétendu goût effréné pour les chevaux et les courses de chars dans l'hippodrome. Il est aussi souvent accusé, dans la littérature monastique, de débauche et d'homosexualité (bien qu'il se soit marié trois fois et ait eu six enfants de sa troisième femme, mais cela aussi lui est reproché, les troisièmes mariages étant en principe interdits). Léon III meurt le 18 juin 741, alors que Constantin a bientôt vingt-trois ans. Il se fait couronner empereur par le patriarche Anastase, et une semaine après décide de partir en campagne en Asie Mineure contre les Arabes. Il confie la capitale au magister Théophane Monôtios. Une fois en Bithynie, il doit rencontrer son beau-frère Artavasde, toujours comte de l'Opsikion, mais leurs deux armées s'affrontent immédiatement, et celle de Constantin est mise en déroute. Le jeune empereur s'enfuit vers le sud. Quant à Artavasde, il se dirige vers Constantinople et y annonce la mort de Constantin. Théophane Monôtios lui fait ouvrir les portes. Les fidèles de Constantin, qui ne croient pas à sa mort, sont arrêtés, et Artavasde est couronné à son tour par le patriarche Anastase. Mais Constantin est parvenu à Amorium où il gagne le soutien du thème des Anatoliques, et ensuite de celui des Thracésiens. ¿ l'automne 741, il conduit son armée jusqu'au Bosphore, mais il n'a pas de flotte pour traverser, et doit retourner à Amorium pour l'hiver. Artavasde proclame l'un de ses fils, Nicéphore, coempereur, et nomme l'autre, Nicétas, commandant suprême (monostratêgos) en Asie Mineure. Le vainqueur se montre clément vis-à-vis des nombreux partisans d'Artavasde : celui-ci, ses deux fils et quelques-uns seulement de leurs proches sont aveuglés et enfermés dans un monastère (Saint-Sauveur-in-Chora pour Artavasde) ; le patriarche Anastase est fouetté et promené en public sur un âne dans un rituel humiliant, mais il conserve son poste ; quelques autres ont simplement leurs biens confisqués. Le trop puissant thème de l'Opsikion, qui a été la base du pouvoir d'Artavasde, est divisé En 770, après dix ans sans incident notable, les Arabes reprennent leurs raids contre l'Asie Mineure ; ils parviennent jusqu'à Laodicée Combusta, en Lycaonie, mettent la ville à sac et déportent sa population. L'année suivante, d'autres raids sont organisés en territoire grec et les Arabes ramènent encore plus de prisonniers, tandis que les Byzantins attaquent leur territoire du côté de l'Arménie. En 772, ils sont encore de retour, assiégeant la ville fortifiée de Sykê, en Pamphylie. Constantin ordonne alors à une armée formée par les thèmes des Anatoliques, des Bucellaires et des Arméniaques de leur barrer la retraite, mais cette armée est mise en déroute, et les Arabes retournent triomphalement chez eux. L'empereur demande alors une trêve au calife al-Mansour, mais il n'obtient aucune réponse positive. Impuissant contre les musulmans, Constantin se retourne une nouvelle fois contre les Bulgares : au printemps 774, il embarque sur une grande flotte accompagné des tagmata en direction du delta du Danube, tandis que la cavalerie des thèmes s'avance par voie de terre. Les Bulgares demandent rapidement la paix, ce que l'empereur accepte (peut-être en considération d'un temps menaçant en mer Noire), mais il conserve la cavalerie mobilisée en Thrace. ¿ l'automne, apprenant par ses espions que le khan Telerig s'apprête à faire déporter loin de la frontière des populations slaves réputées favorables à l'Empire byzantin, Constantin saisit ce nouveau prétexte, attaque par surprise, et défait les Bulgares à plates coutures. Au printemps 775, est montée une nouvelle expédition, toujours selon le même principe, mais cette fois l'empereur a repris le commandement de l'armée de terre. Mais le scénario de 766 se reproduit : la flotte remontant la côte de la mer Noire est détruite par une tempête en face de Mésembrie, et Constantin ordonne la retraite. Le khan Telerig fait alors des ouvertures de paix, mais il s'avère que c'est une ruse pour découvrir l'identité des espions byzantins en Bulgarie, qu'il fait tous exécuter. Au début septembre, Constantin prend la tête d'une expédition de représailles, mais arrivé à Arcadiopolis, il est saisi par une forte fièvre, accompagnée de l'apparition de furoncles sur les jambes. Ramené vers Constantinople, il meurt en chemin, à l'âge de cinquante-sept ans |